Sauter la navigation

 
Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 44 Faeries 6

Keep Watching the Skies! nº 44, août 2002

Chrystelle Camus : Faeries 6

revue de Fantasy ~ chroniqué par Philippe Paygnard

 Chercher ce livre sur amazon.fr

Remise au goût du jour avec la sortie très médiatisée de la version cinématographique en décembre 2001 du Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien, la Fantasy constitue un genre littéraire à part entière. Il est cependant fort délicat voire risqué d'essayer d'en donner une définition exacte ou même consensuelle. Depuis mai 2000, la revue Faeries ne tente donc pas de donner une telle définition, mais présente, à travers de fort intéressants dossiers, différents aspects de la Fantasy internationale. En ouvrant ses pages à J.R.R. Tolkien (nº 1), Peter S. Beagle (nº 2), Kristine Kathryn Rusch (nº 3), Jack Vance (nº 4) et Robert E. Howard (nº 5), Faeries a fait preuve d'un bel éclectisme. Certes, il serait facile de lui reprocher de n'accorder ses faveurs qu'à des auteurs anglo-saxons, mais ce serait oublier un peu vite que la revue accueille depuis toujours des fictions francophones signées Laurent Genefort, Fabrice Colin et d'autres encore.

La Fantasy francophone existe bel et bien et se trouve au cœur de ce sixième numéro de Faeries. La revue des éditions Nestiveqnen consacre en effet son dossier à la Fantasy française à travers, non pas un seul auteur, mais quatre représentants du genre en France. Pierre Grimbert, Michel Pagel, Nicolas Cluzeau et Laurent Kloetzer sont ainsi mis en avant pour représenter l'ensemble de la Fantasy francophone. L'initiative de Faeries est intéressante car elle permet de découvrir quatre aspects fort différents de ce genre littéraire insaisissable grâce à quatre écrivains n'appartenant ni à la même génération, ni à la même école. Faeries fait donc les présentations en deux temps grâce à une interview de chacun des auteurs précédée d'une nouvelle.

Pierre Grimbert ouvre le bal avec "le Pèlerin", un texte bref et efficace mêlant allègrement philosophie et mauvaise blague, surtout pour le pèlerin en question.

Publiée pour la première fois en 1986, la nouvelle suivante est une œuvre de jeunesse de Michel Pagel. À travers "À l'aube de la décennie du Soleil Pourpre", l'auteur de la Comédie inhumaine crée, en quelques pages, un véritable univers avec ses règles strictes que le héros de ce récit va découvrir dans la douleur.

Avec "Moira ap'Callaghan", Laurent Kloezer propose une nouvelle courte mêlant influence celtique et véritable poésie. Comme souvent chez Kloezer, le récit est également un prétexte pour créer une ambiance, une chanson faite de mots et d'impressions. Il faut se laisser submerger par cette atmosphère sans forcément chercher à tout comprendre des intentions de l'auteur à la première lecture. Les récits de Laurent Kloezer sont de ceux qui peuvent être lus et relus sans qu'on en fasse totalement le tour.

Après cette escapade poétique, Nicolas Cluzeau nous invite à faire un petit tour dans notre futur proche grâce au "Voyage de Mary Ann Brown". L'aspect Fantasy de son texte réside dans la personnalité exceptionnelle de notre guide puisqu'il s'agit de Sainte Anne, ange en mission divine sur le monde terrestre.

En complément de ces fictions, Faeries offre donc un entretien avec chacun des quatre romanciers, ainsi qu'une rapide bibliographie commentée. L'exercice est certes intéressant, mais il y a quelque chose de gênant. Soit, ce numéro de Faeries est un spécial Fantasy francophone et, à l'évidence, il manque un article de fond sur le genre en France. Soit, c'est un spécial consacré à Grimbert, Pagel, Cluzeau et Kloetzer, et il est alors tout aussi évident que quatre auteurs pour un seul dossier, c'est nettement trop. Je dois donc avouer que j'aurais préféré en apprendre un plus sur chacun des romanciers présents et il y aurait très certainement eu beaucoup plus à dire sur ces quatre-là. Parité oblige, en période électorale, il manque également une présence féminine. Où sont donc Léa Sihol, Catherine Dufour, Magali Ségura et toutes celles que j'oublie ?

Au final, ce Faeries nº 6 aurait pu être décevant si ne s'ajoutaient à tout ce qui a déjà été cité les rubriques habituelles de P.J.G. Mergey (Les auteurs de Fantasy qui s'ignorent : Arto Paasilinna) et d'André-François Ruaud (Les Petits Maîtres de la Fantasy : Marten Toonder), sans oublier les critiques de livres, BD, musique et jeux, ainsi qu'un article sur l'incontournable Harry Potter. Et il ne faut surtout pas passer sous silence les deux dernières fictions francophones qui concluent ce numéro : "Rêve blanc, poisson d'argent" de Martine Loncan et "le Sang des Titanides" de Jonas Lenn. Deux textes qui viennent agréablement compléter le panorama un peu trop rapide de la Fantasy francophone esquissée dans les pages précédentes de la revue.

Après un tel galop d'essai, il ne reste plus à Faeries qu'à proposer le véritable numéro spécial consacré à la Fantasy francophone que tous les fans attendent, c'est certain.