KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Jack McDevitt : Anciens rivages

(Ancient shores, 1996)

roman de Science-Fiction

chronique par Noé Gaillard, 1999

par ailleurs :

« McDevitt […] appartient à cette école d'écrivains qui renouent avec la tradition d'une Science-Fiction à la fois pleine d'idées surprenantes, scientifiquement convaincante, réaliste, et en même temps grand public. » dixit la quatrième de couverture… Je dirais plutôt, si je puis me permettre, qu'inspiré sans doute par un Simak, un Clarke, il donne dans le genre SF “régionaliste” — ce qui n'est nullement déshonorant ou incompatible.

Un fermier du Dakota découvre un bateau enterré dans son champ et un extraterrestre invisible pénètre sur Terre. Entre ces deux événements, les bourses mondiales ont tendance à surchauffer à la baisse, les syndicats s'agitent et les Indiens entrent à nouveau en dissidence. Cette fois pourtant, la somme proposée pour l'achat de leur sol représente un grand nombre de fois celle dépensée pour l'achat de Manhattan ! Tout s'arrange comme dans les “bons films” made in USA (l'auteur s'excuse d'ailleurs d'avoir mis en danger les héros de l'histoire).

On aura deviné l'origine extraterrestre du bateau qui amène une jeune noire chimiste et un pilote d'avion d'abord auprès d'une rotonde (style gare de transit) puis sur des mondes extragalactiques à travers une suite de portes, l'une d'elles étant utilisée par l'invisible extraterrestre pour venir “sauver” ou “tuer” des gens sur notre monde.

Histoire classique et écrite sans fioritures dans une langue fluide loin des raccourcis modernes. Mais au lieu de la traiter de manière purement internationale, Devitt la localise en un coin des USA(1) sur le territoire des Indiens… et s'intéresse particulièrement au sort de ses compatriotes concernés directement et indirectement — même l'équipe chargée de sauver les Indiens n'est composée que de personnalités internationalement connues mais américaines.(2) Pour ne pas donner à son roman l'impression de minceur ou de nationalisme, Devitt invente des personnages denses et parvient à rendre le banal, le simple très passionnant… c'est sans doute là que réside le charme de l'œuvre.

Si j'osais, je vous recommanderais d'attendre les vacances pour lire ce titre. C'est un roman reposant, dépourvu des trépidations de notre monde… ce qui justifie son titre.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 31-32, mai 1999


  1. Une carte, en début de volume, donne des précisions.
  2. Dont font partie Gregory Benford, Ursula K. Le Guin & Carl Sagan.…

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