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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 27 Terminus Fomalhaut

Keep Watching the Skies! nº 27, décembre 1997

Nicolas Bouchard : Terminus Fomalhaut

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Pascal J. Thomas

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Meurtre en cabine close ! La combinaison de polar et de S.-F. n'est pas neuve, mais le livre se lit agréablement. À bord du vaisseau interstellaire Sempronius, un sabotage criminel provoque la mort par décompression de l'administrateur Ponokian, un homme placé très haut dans la hiérarchie du Consortium, la holding qui a fini par absorber l'économie humaine tout entière et imposer une société régie par les règles d'un capitalisme monopoliste.

Almira Text Cormac, une jeune femme qui vient de perdre son mari dans un accident et rentre sur sa planète d'origine, et Sigurd Acier Mouillebœuf, vieux comptable sympathique, vont se trouver chargés d'une enquête qui leur offrira l'occasion d'inverser pendant quelques jours les prérogatives hiérarchiques très strictes qui régissent la société du Consortium.

Sur la solution du whodunnit, je ne dirai naturellement rien ; je me contenterai d'indiquer que l'enquête servira de prétexte pour d'abord expliquer au lecteur le mode de fonctionnement de la société du Consortium — et de ses exclus, les “hors-bilan” —, puis pour en révéler des aspects restés inconnus d'Almira, et finalement ses secrets les plus honteux, et les luttes d'influence qui pourraient remettre en question son ordonnancement. Un élargissement du point de vue qui appartient indiscutablement plus à la S.-F. qu'à Agatha Christie —même s'il figure en bonne place dans les tactiques du roman noir.

Bouchard rend hommage de façon légère et plaisante à ses maîtres en policiers, mais les statuts qu'il élabore pour le Consortium forcent un peu les limites de notre incrédulité ; les effets de seuil qui rendent possible la manipulation de droits de vote qui fait figure un temps de mobile du crime sont par trop invraisemblables, même s'il se révèle qu'ils ne sont pas le fruit d'un de ces hasards manigancés par la main des auteurs en mal de retournements. L'idée d'un capitalisme totalitaire ne se veut pas ici extrapolation réaliste — comme peut la tenter Serge Lehman dans la série F.A.U.S.T. —, mais symbole satirique. Ça passe bien, même si ce n'est pas encore du Sheckley.

Un seul regret, qui concerne l'éditeur plus que l'auteur : qu'une relecture sans doute hâtive ait laissé passer autant de fautes d'orthographe relevant du solécisme (absence ou présence intempestive du s du pluriel ou de la première personne de l'imparfait, notamment).