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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 19 Deux petites filles mortes

Keep Watching the Skies! nº 19, mai 1996

Stephen King : Deux petites filles mortes (la Ligne verte 1)

(the Green line 1: the Two dead girls)

roman feuilleton à suspense ~ chroniqué par Philippe Paygnard

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Paul Edgecombe, gardien chef à la retraite au Pénitencier d'État de Cold Mountain, en Louisiane, nous livre quelques-uns de ses souvenirs les plus marquants. Au zénith de sa carrière, il eut la lourde responsabilité d'organiser le quotidien du Bloc E, le quartier des condamnés à mort. Lorsque son récit commence, la plus grande partie des six cellules est vide. Seul Edouard Delacroix attend là, avec le seul réconfort que peut lui apporter Mister Jingles sa souris apprivoisée, le moment de suivre la ligne verte qui conduit jusqu'à cette maudite chaise électrique. Mais la situation se complique avec l'arrivée de John Coffey, un géant noir aux yeux vides, condamné à mort pour avoir tué deux petites filles. Edgecombe a beau vouloir se convaincre que ce colosse ne causera aucun problème, il sent confusément que quelque chose va se passer dans l'antichambre de la mort.

Étonnant, voici du Stephen King en dose homéopathique. L'auteur du Fléau, qui nous avait jusque là habitués à des pavés d'un minimum de 300 pages, nous propose avec Deux petites filles mortes un opuscule d'à peine 90 pages. Mais que les aficionados du romancier du Maine se rassurent, il ne s'agit là que du premier chapitre d'une nouvelle saga telle que seul Stephen King sait en concocter. Pour légitimer cette publication par épisodes, le romancier se réfère, dans sa lettre au lecteur introductive, aux grands anciens, à commencer par Charles Dickens. Il insiste également sur le plaisir qu'il peut y avoir à ne pas connaître le dénouement d'une intrigue que le romancier construit au fil des pages. En tout état de cause, Deux petites filles mortes n'est donc que le premier chapitre d'un roman feuilleton avec lequel Stephen King nous entraîne dans un univers carcéral comparable à celui de "Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank". On se souvient que cette longue nouvelle fait partie du recueil Différentes saisons et qu'elle a fait l'objet, en 1994, d'une adaptation cinématographique sous le titre les Évadés, avec Tim Robbins et Morgan Freeman dans les rôles principaux.

En quelques quatre-vingt-dix pages, Stephen King ne raconte pas une histoire, il se contente, avec son talent habituel, de mettre en place le décor et les principaux personnages de ce roman à épisodes. Certains caractères sont encore assez frustes et devraient s'affiner ou s'affirmer au gré des chapitres à venir. L'intrigue elle-même n'est point encore clairement définie et l'on ne distingue pas encore avec clarté sur quelles voies le romancier souhaite nous conduire. S'agit-il du simple récit d'une révolte de prisonniers comme de nombreux détails semblent le suggérer ? Ou bien, Stephen King va-t-il nous entraîner sur une voie plus fantastique comme pourrait le laisser penser la présence de Mister Jingles la souris surdouée ? Ce sont là des questions qui trouveront très certainement leurs réponses dans les prochains volumes de ce roman feuilleton.