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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 18 Double vue

Keep Watching the Skies! nº 18, avril 1996

Bari Wood : Double vue

(Doll's eyes)

roman fantastique ~ chroniqué par Micky Papoz

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Depuis Shining et Dead zone de Stephen King, en passant par Médium de Linda C. Gray, les facultés médiumniques ont été largement exploitées par les écrivains. Lisa Tuttle en a donné de très beaux exemples dans son recueil Sur les ailes du cauchemar.

Ici, Eve Klein, l'héroïne, possède les doubles dons bien différents de clairvoyance et de télépathie (le premier est la perception d'un événement réel sans utilisation des sens ordinaires, le second l'interception directe de la pensée d'autrui). Bien sûr ces définitions simples pourraient être discutées par les puristes. Est-il certain qu'il n'y ait jamais dans la clairvoyance d'information émise par un sujet qui n'est pas directement concerné ?

Eve Klein peut dire que son don héréditaire est une véritable calamité. À l'origine du suicide de sa grand-mère, il réduisit sa mère a vivre isolée auprès de sa sœur, et Eve elle-même séparée de son mari. Malgré l'amour qu'il porte à sa femme, ce dernier a fui, effrayé. Quel homme accepterait de rester avec une compagne qui devine à tous moments ce qu'il est en train de penser ?

L'idée qu'elle est enceinte pousse Eve à retrouver son mari dans un village perdu des Adirondacks. Alors qu'elle est sur le point d'arriver, une vision s'impose à elle. De l'autre côté du lac, une femme agonise, éventrée par un sadique qui la regarde mourir, penchée sur elle. Les yeux de cet homme, aussi vides et inexpressifs que ceux d'une poupée, donnent le frisson à la télépathe. Eve ne sait pas encore qu'il lui faudra aider la police à traquer le psychopathe, et faire appel à son pouvoir pour l'aider à voir clair en lui.

Dès les premières pages, l'auteur entraîne ses lecteurs au cœur de l'action, dans l'existence des principaux personnages, et dans la douce violence du psychopathe. Rares sont les récits aussi malsains écrits avec autant de talent. Entre son histoire et les lecteurs, Bari Wood a scellé une sorte de pacte de vérité. Il a employé un vocabulaire du regard, propre à faire frissonner les moins impressionnables d'entre eux.

Une fois de plus, l'auteur de Faux-semblants et d'Amy-girl, tous deux parus dans la même collection sous les numéros 9138 et 9085, s'impose comme l'un des meilleurs écrivains de "Terreur". Une écriture nerveuse et une psychologie profonde des principaux protagonistes ne décevront pas. Les droits de Double vue ont déjà été retenus pour le cinéma par Steven Spielberg.