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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 18 le Mystère du lac

Keep Watching the Skies! nº 18, avril 1996

Robert McCammon : le Mystère du lac

(Boy's life)

roman fantastique ~ chroniqué par Olivier Bidchiren

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Un roman sur l'enfance à ne pas placer entre les mains des enfants, malgré l'avis de Peter Straub en dernière de couverture, le Mystère du lac est une superbe fresque historique sur une petite ville de l'Alabama, Zephyr, où nous rencontrons d'énigmatiques et charismatiques personnages, ni héros, ni anti-héros, avec les faiblesses, les forces, les défauts et les qualités qui animent les gens du quotidien. En cela, un roman réaliste.

Cory, le personnage principal, est un enfant curieux de tout, intéressé par chaque facette de sa ville, intrigué par les secrets de la vie. Au fur et à mesure du roman, il devient le point catalyseur de tous les mystères qui hantent cette cité implantée dans les marais, sans en comprendre le pourquoi.

Dans ce sud des Etats-Unis, nous retrouvons bien évidemment les blancs, les noirs, le Ku Klux Klan, une sorcière vaudou de 106 ans, un grand cerf blanc Snowdown, les amis et les ennemis de l'enfance, un individu qui se balade tout nu dans les rues, un monstre marin, une forêt secrète, des survivants du Far West ou de la Seconde Guerre mondiale, la littérature, le cinéma, les comics, les Beach Boys, des fantômes, et un lac aussi profond que le veut la mémoire ancestrale. Une voiture folle a plongé dans ce lac, un homme mort attaché à son volant ; Cory et son père en sont les témoins accidentels.

Tissage savamment alambiqué, ce livre est un “polar” particulier plutôt qu'un simple roman de terreur : appellation réductible de cette belle histoire haute en couleurs et en émotions, où plus d'une fois nous versons une larme qui s'ajoutera au mystère du lac.

N'omettons pas les cauchemars dantesques et prémonitions magiques qui agrémentent cette histoire forte et folle dont le lecteur aura peut-être parfois l'impression qu'elle traîne en longueur. Mais comme le hasard n'existe pas, on comprendra en parvenant à la dernière page que chaque description était primordiale pour conduire l'esprit vers les domaines de l'angoisse où il se plaira à traquer — tout comme Cory, à partir d'un simple indice ou de la personnalité des protagonistes — l'assassin qui a plongé sa victime, par une froide matinée de printemps, dans le lac.

C'est le genre de roman que vous pouvez lire en écoutant l'album Harvest de Neil Young, ou Creedence Cleerwater Revival, par exemple, et bien évidemment, les Beach Boys.

À côté de cette aventure, celles de Stephen King semblent plus fades et moins humaines ; émotion, surprise et inquiétude en sont trop souvent absentes. Un certain Peter Straub dit que ce roman est « Tout simplement magnifique… incroyablement émouvant », et je suis obligé de partager son opinion.

Robert McCammon, né en 1952 et résidant dans ce frémissant Alabama, est l'auteur aussi de Scorpion, de la Malédiction de Bethany et a reçu le Grand Prix de l'Imaginaire pour l'Heure du loup. le Mystère du lac, qui n'a rien à envier aux précédents, est à lire absolument ; je vous garantis le dépaysement, et une certaine nostalgie qui persistera longtemps.