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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 18 éditorial

Keep Watching the Skies! nº 18, avril 1996

Éditorial & courrier

par Pascal J. Thomas

Je dois d'abord vous présenter mes excuses pour une erreur par moi commise dans le chapeau de la chronique de Century XXI publiée dans le dernier numéro de KWS : sa réalisation est due à Sylvie Denis seule, et si Francis Valéry peut être associé à la chose, c'est en tant que directeur de la collection dont cela reste pour l'instant le seul numéro. Disons que la paternité du recueil revient à Sylvie, et que c'est Francis qui en a accouché…

Sylvie Denis, justement, qui avait porté KWS sur les fonts baptismaux, et tenu à bout de bras jusqu'à son numéro 10, nous écrit après un an d'absence de la revue : « J'ai bien aimé le numéro 16 […] j'apprécie de pouvoir lire quelque chose de bien présenté et dans lequel je n'ai eu aucune part. C'est phénoménalement reposant. »

Sylvie nous reparle aussi de son recueil Jardins virtuels, qui a donné lieu à des opinions partagées — Gilles Dumay (qui signe Thomas Day) a clamé dans Yellow submarine et Galaxies sa déception devant un recueil “trop sage”, à l'exception de "Fonte des glaces", tout en signalant (flatteur) l'opinion presque exactement opposée de votre serviteur, pour qui ce texte représente au contraire la seule note moins bien placée dans un excellent volume. Ineffable subjectivité de la critique ? Sylvie, elle, a une explication quant à l'apparente différence de "Fonte des glaces" par rapport aux autres textes du recueil :

« J'en suis arrivée à la conclusion suivante (qui vaut ce qu'elle vaut, mais qui me satisfait pour le moment, et pour ce type de texte-là) : tous mes personnages principaux luttent contre une force mortifère, intérieure ou extérieure — ou, si on préfère, contre l'entropie, la non-évolution, la peur d'affronter le réel, une forme de dépression plus ou moins déguisée, des parents qui les emprisonnent, etc. Gillou Dumay le dit sous une forme pas très sympathique dans sa critique pour Yellow, […] mais il met le doigt sur quelque chose.

Pour survivre, ils affrontent cette situation de diverses façons : en éclatant ("De Dimbour à Lapêtre"), en créant un enfant ("l'Anniversaire de Caroline"), en s'enfermant dans une sorte d'univers imaginaire ("In mémoriam") ; mais, dans "Fonte des glaces", le combat contre le désir de mort n'a pour ainsi dire pas lieu : d'une part le désir de mort est exclusivement incarné par la fille, qui meurt, alors que le garçon survit — mais décide qu'il va devenir sculpteur. Mais il n'y a pas de combat intérieur pour arriver à un compromis, une solution qui permet au personnage de continuer à exister, puisque la partie “obscure” de la personnalité est en fait un personnage à part entière, et qu'il s'auto-détruit !

Tout ça pour dire que j'avais besoin d'une Theory of Everything à mon propre usage — histoire de prouver que j'écris bien toujours la même chose ! »

Après ce point de vue d'un auteur, il me plaît de vous communiquer celui d'un lecteur, Marie-Pierre Najman, qui nous écrit :

« J'aimerais que [KWS] m'aide à repérer sans effort inutile les livres susceptibles de me plaire… Aussi, si j'apprécie la présentation en colonne qui me facilite la lecture, je dois avouer que le style trop littéraire des critiques me gêne dans mon objectif.

L'idéal serait, de mon (étroit ?) point de vue, que vous respectiez un plan type, explicitement structuré, du genre :

C'est une opinion intéressante, mais je ne crois pas que mes collaborateurs ou, à dire vrai, moi-même, accepterons de nous plier à l'exercice. Ne serait-ce que parce que la lecture ininterrompue d'un numéro de la revue risquerait de devenir un pensum. Et puis, il est difficile de distinguer sujet et traitement — je n'encourage pas mes critiques à trop raconter les livres, et à ne le faire que quand ce qu'ils racontent leur permet d'étayer un argument particulier. L'avis d'un critique est tellement subjectif, il faut le justifier par des arguments détaillés, qui ne se prêtent pas toujours à un plan fixé…

La question reste posée, car nous avons un certain nombre de lecteurs qui, sans nous écrire, ne renouvellent pas leur abonnement. Si cela continue, KWS devra envisager des mesures d'austérité…