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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 13-14 Profession : cadavre

Keep Watching the Skies! nº 13-14, juillet-août 1995

Serge Brussolo : Profession : cadavre (les Brigades du chaos – 1)

roman de Science-Fiction en trois tomes ~ chroniqué par Jean-Louis Trudel

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Il s'agit du premier volume de ce qui sera une trilogie, a priori, les Brigades du chaos, qui comprendra aussi Promenade du bistouri et la Cicatrice du chaos. Ainsi, il n'y a rien d'étonnant à ce que ce premier volume ne présente que des fragments.

Mais quels fragments !

La narration alterne entre les points de vue de Sarah, Koban Ullreider et Mathias Faning. Sarah est une artiste en fresques murales qui a subi un accident l'empêchant de continuer et qui travaille désormais comme femme de ménage à la morgue de la police de Los Angeles. Mathias Faning travaille aussi à la morgue, où il tire des vidéos posthumes des cerveaux de victimes d'assassinats ; clandestinement, il enregistre aussi des souvenirs heureux qu'il implante ensuite à sa femme, une accro d'une drogue qui efface la memoire à rebours. Quant à Koban Ullreider, qui a passé son enfance sur Mars, il a été rapatrié sur Terre en compagnie de son père, ancien télévangéliste. Diverses perturbations de son développement ont fait de lui un être insensible, dont le cerveau sécrète à haute dose ses propres analgésiques, et qui a été converti par son père à une version toute spéciale de l'Apocalypse.

Là-dessus se greffe une histoire de voleurs d'organes qui profitent de nouvelles inventions permettant la cicatrisation rapide et de la plasticité d'un nouveau tissu protoplasmique. Ceci permet à Brussolo de broder comme il en a l'habitude et de conclure sur une transformation avortée d'une amie de Sarah, qui manque devenir le Messie des écritures vénérées par Koban Ullreider.

Il y aurait toute une étude à faire des effets de conviction chez Brussolo. Rien ne résiste vraiment à l'examen, mais Brussolo joue sur les descriptions de décors familiers (Los Angeles est en partie la ville vue mille fois à la télé ou au cinéma, mais elle a aussi un métro plutôt parisien) ou sur des explications rationnelles dont la plausibilité est multipliée par le fait qu'elles sont immédiatement accessibles et familières (ainsi, la pierre ou poussière martienne qui inspire la tristesse dégagerait en fait de la naloxone) tandis qu'ailleurs, le texte glisse en douceur sur les éléments impossibles à justifier (ce tissu protéiforme capable d'imiter les tissus organiques ou de servir à confectionner des organes complexes !).

Brussolo étant un pro, le tout se laisse lire d'une traite, sans le moindre ennui. Donc, pour qui souhaite quelques instants de délassement cet été à la plage ou au chalet, cette trilogie devrait permettre de meubler au moins une journée au soleil…