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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 12 un Amour de monstres

Keep Watching the Skies! nº 12, mai 1995

Katherine Dunn : un Amour de monstres

(Geek love)

roman fantastique ~ chroniqué par Micky Papoz

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En quatrième de couverture il est dit que ce livre a pris dix ans de réflexion et de travail. Je veux bien le croire, tant le sujet est dense et les personnages disséqués. On assiste à une véritable analyse de chaque protagoniste, en particulier la narratrice, Olympia, naine bossue et albinos qui porte un amour fou à sa fille, Miranda, une beauté qui, pour gagner sa vie, se produit dans un cabaret d'un genre particulier. Olympia ne nous avouera le secret de la conception de son enfant que dans la dernière partie du livre. Foudroyant.

Al Binewski, est sans doute le plus monstrueux personnage de ce roman : afin de faire affluer la foule vers son cirque ambulant, il n'a pas trouvé mieux que de procréer une famille de monstres en faisant ingurgiter à Lil, sa femme, des médicaments provoquant des malformations sur les fœtus. Ainsi naissent Arturo, sans bras ni jambes qui évolue dans un aquarium, des fœtus avortés qui sont conservés dans du formol, Electra et Iphigénie, des siamoises concertistes, Olympia, la narratrice, et Fortunato, que les parents pensent abandonner lorsqu'ils s'aperçoivent qu'il ne possède aucune tare physique apparente. Ils découvrent très vite que sa particularité réside dans son esprit puisque Fortunato est capable d'agir sur les objets qu'il téléporte aussi aisément que son frère poisson nage dans son aquarium géant. Au fil du roman, Fortunato va exploiter ce don jusqu'à l'inimaginable. Mais le côté le plus effroyable de ce roman réside dans la folie adoratrice que va susciter Arturo, puisque des admirateurs et admiratrices se feront mutiler afin de lui ressembler.

Un Amour de monstres est loin d'être un Freaks revisité. La tendresse pour les monstres est sublimé bien au-delà de l'incontournable film où le principal intérêt résidait dans la manière de mettre en scène de véritables monstres qu'exhibait alors le cirque Barnum. Si on peut apporter une comparaison entre Freaks et cet autre chef-d'œuvre qu'est un Amour de monstres, c'est dans celui des caractères des personnages aussi contrastés que les images expressionnistes de l'inoubliable film.