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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 11 la Route des soleils

Keep Watching the Skies! nº 11, avril 1995

Wildy Petoud : la Route des soleils

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Jean-Louis Trudel

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C'est curieux tout de même comment on peut pardonner à un livre des choses qui seraient suprêmement agaçantes dans un autre. Ainsi, l'auteure suisse Wildy Petoud a recours dans ce roman à des ficelles aussi éculées que la télépathie, les champs de force omnipotents, les fréquences lumineuses purifiantes (ce qui a un vague relent nouvel-ageux) et la téléportation appelée transkinèse, qui marche pour les objets mais pas pour les êtres vivants (ce qui a un net relent de vitalisme).

Pourtant, parce que l'auteure met en scène des personnages imparfaits mais tout de même attachants, l'histoire reste intéressante jusqu'à la fin. D'ailleurs, Petoud a un don pour à la fois susciter des rebondissements imprévus et tout relier sans trop mettre à l'épreuve le sens critique du lecteur.

En fait, le bombardement de péripéties, de nouveaux personnages et d'idées pas trop défraîchies ainsi que la description des relations entre les personnages constituent sans doute les deux atouts du roman, grâce auxquels on avale tout le reste.

L'astro-stop est au nombre de ces concepts pas trop défraîchis. Même s'il est calque de très près sur l'auto-stop, l'astro-stop a l'avantage de n'avoir pas souvent été employé dans les ouvrages de SF. De plus, l'auteure fait un effet méritoire pour le rendre crédible.

En faisant de son héros, Derek Flo, un astro-stoppeur, l'auteure savait ce qu'elle faisait, car l'astro-stop ouvre les portes de l'aventure. Derek Flo est un pauvre étudiant en transkinésie de la Terre, qui se fait embobiner par une riche héritière au point de se mettre hors-la-loi. Pour échapper à la justice, il se fait astro-stoppeur, ce qui veut dire qu'il se lance dans l'espace dans un petit cocon de survie dans l'espoir d'être recueilli par des astronefs de passage.

Et c'est le début des aventures de Derek… De fil en aiguille, il finira par sauver toute la Galaxie, mais d'une facon assez ironique et sans l'avoir cherché. L'analyse intelligente qu'en offre l'auteure par la bande de son propre texte, en la plaçant dans la bouche de Derek lui-même, est un des meilleurs passages du livre, en raison même des maladresses d'élocution des personnages.

Ce n'est pas exactement ce que j'appellerais un roman de science-fiction “complet”, car les ressorts science-fictifs de l'intrigue sont assez usés, mais l'auteure s'en sert avec suffisamment d'intelligence pour façonner une histoire intéressante, intelligente et même un tantinet profonde. Une bonne histoire, donc.