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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 11 le Peintre des orages

Keep Watching the Skies! nº 11, avril 1995

Alain Billy : le Peintre des orages

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Jean-Louis Trudel

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Il existe un type de roman policier ou d'aventures où l'intrigue peut se compliquer à l'infini parce que tout le monde poursuit la même chose (qui n'a pas même besoin d'en valoir la peine) et ne craint pas de se flanquer des jambettes au passage. D'une façon un peu curieuse, il s'agit en général des romans les plus rationnels qui soit car chacun intervient selon ses intérêts propres sans jamais se soucier des autres, sauf si on tourne la clé du désir (mais il n'y a pas de clé pour l'amour, ou sinon la tourner entraîne immanquablement la mort de l'être aimé).

Ce roman d'Alain Billy appartient à cette espèce. Une fois que notre héros, affublé du surnom Le Bateleur, entre en scène, tout peut se passer. Et, en fait, absolument n'importe quoi va se mettre à arriver. Je ne raconterai pas cela par le menu, mais je dirai tout de même que Le Bateleur débarque à Java, à la recherche d'un camarade disparu et d'extra-terrestres.

L'auteur met une telle candeur et une telle bonne volonté à accumuler les rebondissements que j'y ai pris un certain goût. Ce n'est pas génial et tous les gadgets SF sortent de films de série B, mais le romancier ne se prend pas pour un autre. Il campe assez bien le paysage à Java et en Thaïlande — pour moi qui n'y suis jamais allé, en tout cas — et il sait mener l'action en alternant à point nommé les scènes de violence, les attendrissements, les scènes de sexe et les grandes révélations cosmiques.

Le personnage principal pense encore moins que le héros de Gilles Thomas (dans la Mort en billes), mais il agit un peu plus souvent, alors on gagne au change tout de même, dans la mesure où l'action révèle les pensées que l'auteur ne s'embarrasse presque jamais de décrire. Et du côté de ses relations avec les femmes, filles et garçons, Le Bateleur ferait la joie d'un psychanalyste, surtout si on considère l'episode de Bangkok. (Que s'est-il passé a Bangkok ? Mais je ne vais pas vous le dire, voyons !)

Le Bateleur cherchait des extraterrestres. Il les trouvera, vous vous en doutiez. Billy essaie d'en profiter pour introduire une note pathétique dans son histoire, mais ça ne marche pas du tout. Néanmoins, c'est dommage qu'il n'ait pas réussi à mieux exploiter ce personnage qui peint des orages et qui aime…

Conclusion : c'est un roman qui fournira un peu de lecture agréable dans le métro et l'autobus (c'est là que j'en ai lu une bonne partie) et il ne surmenera pas vos méninges (sauf si vous essayez de comprendre comment on peut introduire un spectromètre de masse dans une montre digitale).

La couverture de Francescano est affriolante et fort réussie, et méritait d'illustrer un meilleur livre. Mais bon…