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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 11 Parasol 27

Keep Watching the Skies! nº 11, avril 1995

Alain Billy : Parasol 27

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Jean-Louis Trudel

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Dans Parasol 27, on retrouve Le Bateleur, héros du roman antérieur le Peintre des orages. Curieusement, alors que l'action du livre précédent semblait se dérouler de nos jours, hormis un ou deux gadgets peut-être empruntés aux extra-terrestres, celui-ci est franchement situé au vingt-et-unième siècle, après une série de catastrophes naturelles qui ont suscité l'intervention d'extra-terrestres.

D'une part, on suit les aventures du Bateleur, qui tente de remonter la piste des extra-terrestres. (Je note au passage qu'on ne sait toujours pas la raison de ce surnom.) Il s'agit alors de l'action au degré le plus primaire. On est fasciné comme on est fasciné par une serie d'acrobaties de plus en plus périlleuses. De rebondissement en rebondissement, toujours moins plausibles, Le Bateleur, flanqué de la fille du roi du Maroc (pas moins!), arrivera au but, bien sûr. La narration est soutenue par des calembours et autres jeux de mots plus ou moins faibles, et elle tend à faire appel à l'énorme naïveté du Bateleur, qui ne se distingue pas par l'intelligence, ou à l'omniscience de ses adversaires, en général contrée par la chance insolente des bons…

D'autre part, on suit les ébats du tyran indonésien Hortengul Alam Delapan. Ceux-ci sont un peu plus intéressants, car à force de vampiriser des âmes humaines à l'aide d'une technologie extra-terrestre, il a acquis des travers tout à fait surprenants.

Tout ceci donne un roman marqué d'une poésie tout à fait loufoque, qui louvoie de l'incongru au troublant. Certes, cela n'empêche pas qu'il se distingue aussi par une incohérence et une idiotie sans borne, mais il reste ce sens de la fantaisie presque primesautier à force de naïveté. Peut-être que Billy trouvera sa voie un de ces jours et parviendra à exploiter ce talent pour l'inusité… Ou peut-être pas…

Bref, de la lecture pour le métro ou l'autobus, mais pas plus.

Cependant, je conclurai en fait en notant que j'ai parfois eu l'impression que ce roman avait été écrit par un extra-terrestre, ou émanait d'une réalité parallèle. Ce sentiment découle sans doute des a priori du livre. Ainsi, quand Le Bateleur rencontre une princesse télépathe qui s'empresse de quitter son palais pour se joindre à un agent français dont elle ne connaît pas le nom afin de poursuivre et attraper les assassins de sa mère, notre héros ne se demande pas si c'est par hasard une extra-terrestre. La naïveté du Bateleur est extra-ordinaire, par ailleurs : ainsi, il accepte la parole d'un malfrat qui lui affirme que sa femme qu'il tient en otage n'est plus aimée de lui, ou il accepte la collaboration sur le terrain d'un complice du bandit qu'il poursuit, sans précaution aucune, ou encore il se lance à l'assaut d'une villa bien gardée après avoir brouillé les caméras de surveillance afin de clairement signaler aux gardiens son effraction… L'auteur a aussi tendance à sortir de son chapeau des gadgets à volonté : il faut un annihilateur de volonté pour hypnotiser Le Bateleur, il y en aura un… De même pour les brouilleurs de caméra, les endormeurs de chiens, les lasers de puissance industrielle, etc. Tout cela dans moins de vingt ans, si on peut miser sur la chronologie interne des romans de Billy. Et puis, os que Billy réussit presque à faire passer, il y a ces extra-terrestres dont la présence est prise pour acquise, pour des raisons qui restent obscures. On dirait vraiment que, pour Billy, télépathie, extraterrestres et lasers sont tous également probables, et qu'il peut les mettre en scène sans avoir à les justifier.