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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 10 les Mange-forêts ~ l'École qui n'existait pas

Keep Watching the Skies! nº 10, février

Kim Aldany [Alain Grousset & Danielle Martinigol] : les Mange-forêts

Gudule [Anne Duguël] : l'École qui n'existait pas

romans de Science-Fiction pour la jeunesse ~ chroniqué par Sylvie Denis

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Il se trouve — mais y a-t-il vraiment des hasards, en ce bas monde ? — que ces deux livres sont arrivés dans ma boîte aux lettres au moment où, dans un accès peu coutumier de nostalgie, l'auteur de ces lignes venait de redécouvrir Fantômette. On ne rit pas, et on considère un instant ce que peut représenter, quand on est une fille entre huit et douze ans, qu'on n'a pas encore découvert la Science-Fiction et qu'on ne peut se mettre sous la dent que les héroïnes bien-pensantes [1] de l'éternelle Comtesse ou les héros interchangeables d'Enid Blyton, la rencontre d'une héroïne à la fois intrépide, intelligente et possédant le sens de l'humour.

C'est donc avec un plaisir nécessairement nostalgique que j'ai ouvert les fort jolis livres de la collection "Pleine lune", dont les couvertures souples, le beau papier blanc — dans mon souvenir, le papier des ouvrages de la "Bibliothèque rose" est toujours quelque peu jaunâtre —, et les très belles illustrations de Christophe Durual ne peuvent que donner envie de les lire.

Mickette, le personnage central de l'École qui n'existait pas de Gudule, est ma foi plutôt maligne et non dénuée du sens de l'humour. Ce n'est pas de sa faute si sa maman est partie dans les îles avec un beau monsieur, la laissant seule avec son papa, lequel n'est pas très content en voyant le carnet de notes de sa fille. Résultat, il l'envoie à la pension Suave, établissement modèle où l'on ne trouve que des élèves modèles, qui ne jouent pas, ne mangent pas, et ne vont pas aux cabinets ! La solution de l'énigme est évidente pour l'amateur — adulte — de S.-F., mais je suis sûre que les lecteurs de huit ans et plus à qui s'adresse ce livre apprécieront les personnages et l'histoire de ce texte bien enlevé et plein d'humour. Les autres auront remarqué que, bien qu'il s'agisse de Science-Fiction, l'atmosphère inquiétante doit tout au talent d'Anne Duguël, dont on sait qu'il penche vers le Fantastique.

Dans la même collection, un certain Kim Aldany nous offre les Mange-forêts. Néanmoins, il aurait dû choisir un autre titre s'il voulait qu'on ne se souvienne pas des Chasse-marée, ouvrage d'Alain Grousset dans lequel on trouve une planète maritime fort bien mise en place. Comme par hasard, on retrouve dans les Mange-forêts des préoccupations d'ordre écologique étrangement semblables à celles de Danielle Martinigol dans l'Or bleu, paru au Livre de poche. On aurait donc tendance à penser que le mystérieux Kim Aldany n'est autre que le duo que nous connaissons bien, qui nous montre à nouveau sa capacité à créer des planètes et des aventures qui ne pourront qu'enchanter les jeunes lecteurs. On remarquera aussi que ce récit d'une aventure à la suite de chenilles géantes sur une planète jungle a merveilleusement inspiré Philippe Munch, l'illustrateur. Ce sont des images comme celles-ci (le spatioport, Pock l'extraterrestre derrière ses barreaux, le tracé du chemin suivi par la jungle, le jeune Kerri guidant un papillon géant par télépathie) qui restent dans l'imagination des enfants et en font de futurs lecteurs de S.-F. Et c'est pourquoi, en songeant aux champignons géants de Jules Verne, revus à Noël sur nos écrans de télé mais dont je garde surtout l'image gravée par les illustrateurs, que je souhaite longue vie à cette collection.

Notes

[1] Encore que…