Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

Alastair Reynolds : the Six directions of space

court roman de Science-Fiction inédit en français, 2008

Ellen Herzfeld, billet du 3 octobre 2010

par ailleurs :

Cette novella est parue en premier en 2008 dans l'anthologie originale Galactic empires, dirigée par Gardner Dozois, puis en 2009 en volume, publiée par Subterranean Press. Elle a été ensuite été reprise dans le gros Year's best science fiction de cette année du même Dozois.

L'histoire est centrée sur l'existence de l'“infrastructure”, sorte de réseau de tunnels créé par une ancienne race maintenant disparue, qui permet de voyager à travers la galaxie sans avoir besoin d'aller plus vite que la lumière. Mais elle semble être en train de se détériorer, avec des failles qui laissent passer les gens d'un univers parallèle à un autre.

Le point de vue est celui d'une femme, Ariunaa, agent secret de l'Empire mongol qui, dans sa branche, est maître de la Terre. Elle enquête, en se faisant passer pour une dame riche et un peu nunuche, dans une colonie éloignée et peu soumise à l'autorité du pouvoir central, sur la réalité des vaisseaux fantômes qui auraient été aperçus dans les tunnels de l'infrastructure. Elle est accompagnée de son fidèle poney, Goyo, et d'un eunuque, Tisza, qui lui sert de majordome et de garde du corps. En usant de divers subterfuges, dont l'un consiste à empoisonner Tisza (il est solide et en réchappe), elle découvre qu'ils existent bel et bien et qu'il s'agit tout simplement de voyageurs en provenance d'univers parallèles, qui sont passés, volontairement ou non, par les failles et qui sont le plus souvent perdus.

Juste au moment où elle a enfin les informations qu'elle est venue chercher, elle est démasquée, et se retrouve aux mains du commandant Quilian, horrible personnage sadique qui règne sur les lieux, et qui use sans le moindre scrupule de torture physique et mentale (dont l'assassinat, parfaitement gratuit et inutile, sous ses yeux, de Goyo) pour la convaincre de travailler avec lui. Ils capturent un vaisseau qui vient d'une autre branche (piloté par des sortes de lémuriens intelligents, issus d'une évolution divergente) dans lequel ils trouvent un prisonnier, Muhunnad, qui vient encore d'un autre monde qu'il appelle le Shining Caliphate. C'est un pilote qui a subi des modifications pour pouvoir être relié directement aux commandes et aux senseurs du vaisseau et qui sait tout particulièrement bien naviguer dans l'infrastructure. Lui aussi est forcé, par des moyens simples et ayant fait leurs preuves à travers l'histoire de l'humanité, d'obéir à Quilian. Les civilisations de tous ces univers parallèles qui circulent dans les tunnels sont forcément technologiquement avancées (il faut savoir aller dans l'espace pour accéder aux voies d'entrées) mais éthiquement ils semblent tous à peu près aussi nuls que nous, si ce n'est pire.

Par un juste retournement des choses, à la fin, ils sont attaqués par encore une autre espèce, des reptiles intelligents, les Smiling Ones, qui considèrent les êtres à sang chaud comme un affront. Après une bataille dans l'espace où apparemment leur vaisseau est gravement endommagé, Quilian prend le seul canot de sauvetage utilisable et part, pensant s'échapper. Ariunaa et Muhunnad, qui se sont liés d'amitié, se retrouvent donc seuls à bord. En fait, Muhunnad a fait croire que le vaisseau était mort pour se débarrasser de Quilian qui va certainement être capturé par les reptiles, sort fort peu enviable. Ariunna pense un instant faire un geste charitable et pulvériser la capsule dans laquelle il se trouve, mais finalement, non, elle le laisse se débrouiller. Et les deux gentils partent pour de nouvelles aventures dans des mondes nouveaux dont ils ne savent rien, avec l'espoir de faire fleurir l'amitié entre les univers. Vu le tableau qu'on nous a dépeint, j'ai un gros doute.

Toutes ces aventures auraient pu constituer une lecture intéressante et agréable si l'auteur ne s'était pas senti poussé à décrire par le menu des scènes de torture qui, certes, sont utiles à l'intrigue, mais qui m'ont totalement gâché le plaisir. Le pire c'est que la torture est présentée comme la seule méthode efficace pour obtenir rapidement ce qu'on veut. En fait, c'est aussi — et peut-être surtout — un moyen d'éviter à l'auteur de chercher comment rendre crédible la coopération des protagonistes avec l'horrible commandant Quilian. Évidemment, les victimes n'apprécient pas trop et ne portent pas leur tortionnaire dans leur cœur, mais c'est tout. C'est accepté comme une chose “normale” de la vie. Ceux que ces détails ne rebutent pas (ça doit être le cas de Gardner Dozois) trouveront sans doute que c'est un bon texte.

Le problème, c'est que j'avais l'intention de lire les gros pavés de cet auteur (je n'en ai lu qu'un, Revelation space, dont je ne garde qu'un très vague souvenir mais que j'avais trouvé pas mal). Maintenant, j'hésite.

Ellen Herzfeld → dimanche 3 octobre 2010, 15:59, catégorie Lectures

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