Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

John Gribbin : Timeswitch

court roman de Science-Fiction inédit en français, 2009

Ellen Herzfeld, billet du 11 juillet 2011

par ailleurs :

Je viens de lire un court roman (172 pages) que j'ai fort apprécié, et dont le titre, Timeswitch, était pour moi irrésistible. L'auteur, John Gribbin, docteur en astronomie, n'est pas très connu pour sa fiction car il en a peu écrit, mais l'est beaucoup plus dans d'autres domaines où il a à son actif une centaine de livres de vulgarisation scientifique, ainsi que des biographies de savants célèbres.

L'histoire débute en Angleterre, en 1966, près d'une ville nommée Sarum (qui, pour les moins ignares que moi en histoire et géographie de l'Angleterre, donnait déjà un indice majeur). C'est une petite ville en comparaison avec la capitale, Winchester… La situation climatique n'est pas brillante : chaleur, sécheresse, au point que le sud du pays est en voie de désertification. Le monde est dans l'état où sera peut-être le nôtre dans un avenir pas si lointain que ça. Jan Ricardo arrive au Complexe, lieu secret et fort sécurisé, pour aider les responsables à tirer au clair la découverte d'un intrus dans les locaux, intrus qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau et qui prétend d'ailleurs être Jan Ricardo, en provenance de 1968. Matt, scientifique et ami de Jan, et MacNeil, le patron du lieu, refusent de le croire car cela signifierait que la mission secrète qu'ils sont en train de préparer sera un échec. En effet, le Complexe a été créé autour d'une machine découverte dans des cavernes souterraines, juste sous un cercle de pierres (devinez lequel) en surface. Ils ont réussi à la mettre en marche et ont compris qu'il s'agissait d'une porte à travers l'espace-temps. D'où l'idée d'envoyer quelqu'un dans le passé pour modifier l'Histoire juste comme il faut dans l'espoir d'éviter la situation écologique catastrophique dans laquelle se trouve la Terre.

Je ne vais pas raconter l'histoire, trop compliquée à résumer, et je me contenterai de donner quelques éléments que j'ai trouvés tout particulièrement amusants. On apprend que, dans ce monde, les savants du passé qui font telle ou telle découverte, en particulier en physique ou en astronomie, portent souvent les mêmes noms que ceux que nous connaissons, mais tout semble s'être produit beaucoup plus tôt : la relativité c'est Newton, alors que les lois du mouvement c'est Galilée. Toute l'histoire est ainsi bousculée, avec un Empire britannique qui règne sur une grande partie de la planète, dont pratiquement toute l'Europe.

L'intrigue consiste essentiellement à suivre Jan à travers le temps et donc à travers les univers possibles, pour essayer de faire en sorte que le vrai univers, celui qui existe dans la réalité, ne soit pas celui où la révolution industrielle est arrivée trop tôt, avant que les humains aient été capables de comprendre leurs erreurs et, ils l'espèrent, de faire le nécessaire pour les corriger. Cela devient vite une course contre le temps en quelque sorte, alors que le voyageur se multiplie et se croise lui-même, au point qu'il ne sait plus trop quel Matt, ou quel chef, a dit ou fait telle ou telle chose et dans quel univers. On remonte donc d'abord de trois cents ans, puis de six cents, puis de neuf cents… Arrivée en 1066, même moi, nulle en histoire, je savais à quel événement d'importance on allait assister.

Le tout est fort bien enlevé et le mélange de vraie science actuelle et d'une solide aventure, avec séjours dans diverses périodes d'un passé qui n'est pas tout à fait le nôtre, donne un récit qui rappelle la bonne vieille SF classique agréablement remise au goût du jour.

Recommandé aux amateurs qui lisent en VO, en attendant une très hypothétique traduction.

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