Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

Jack McDevitt : Seeker

roman de Science-Fiction, 2005

traduction française sous le même titre en 2011

Ellen Herzfeld, billet du 25 juin 2006

par ailleurs :

Seeker, la troisième aventure de Chase Kolpath et Alex Benedict, antiquaires aventuriers, continue la tradition commencée dans les deux précédents, a Talent for war et Polaris. Cette fois, il s'agit d'une enquête portant sur une colonie disparue et mythique. C'est toujours Chase qui raconte, et heureusement, car Alex reste souvent tranquillement chez lui alors qu'elle part en mission dans des endroits divers et variés, chez les Ashiyyur, seule espèce extraterrestre connue, et sur Terre, cette planète qui est en partie un musée d'histoire — très — ancienne.

L'affaire commence avec Amy, qui se présente chez l'antiquaire pour proposer une tasse qui, apparemment, daterait de neuf mille ans. Il y a une inscription dessus — dans une langue morte : l'anglais — qui permet finalement de la rattacher à un vaisseau mythique, dénommé Seeker, qui a servi à l'émigration d'un groupe de gens qui voulaient fonder une société nouvelle et utopique loin de la Terre, à l'époque dominée par des gouvernements peu sympathiques. L'idée était de partir sans laisser d'adresse — autre que le nom : Margolia — afin d'être définitivement à l'abri de l'intolérance terrienne. Comme personne n'avait plus jamais entendu parler d'eux, il était impossible de savoir s'ils avaient réussi et prospéraient dans leur coin ou s'il leur était arrivé malheur. Et voici donc qu'il y a une piste pour éclaircir le mystère. Nos intrépides héros, toujours prêts à tout pour trouver une nouvelle civilisation ou un nouveau site archéologique, tant pour faire avancer la connaissance que pour alimenter l'inventaire de l'entreprise, partent en exploration.

Un élément m'a laissée perplexe : l'existence d'avatars, de constructions informatiques qui représentent une personne, vivante ou décédée. Le résultat est plus ou moins fidèle, en fonction de ce qui est connu de la personne. Les contemporains de l'histoire peuvent avoir des avatars très proches de la personne réelle car tout est prévu pour ça, mais pour des personnages historiques, c'est plus aléatoire. Il n'empêche que l'IA de service arrive à reconstruire un avatar de Harry Williams, le chef du groupe des Margoliens. Et celui-ci, bien qu'il ne sache rien qui ne soit pas dans les bases de données connues, bien qu'il “ait conscience” de n'être qu'un programme, bien qu'il n'ait peut-être qu'une ressemblance lointaine avec le vrai Harry Williams, est présenté comme un interlocuteur valable et sérieux, et Alex et Chase discutent longuement avec lui à plusieurs reprises, comme s'il était vraiment le Harry Williams de neuf mille ans auparavant. C'est un concept assez courant dans la SF mais, ici, quelque chose m'a dérangée. Je pense que c'est l'absence de questionnement — par lui-même ou par les autres — sur la nature de son être, l'absence de toute interrogation philosophique qui m'a manqué. Peut-être que c'est plutôt bon signe que j'ai été perturbée. Cela pourrait vouloir dire que l'approche était originale, et même réussie. En effet, pourquoi des gens d'une société neuf mille ans dans le futur, pour qui les avatars sont totalement banalisés, devraient-ils se poser des questions sur le sujet ? Est-ce qu'on se pose des questions philosophiques sur la nature de la photographie ou du cinéma ?

Pour le reste, l'histoire est pleine d'aventures et de rebondissements, dont certains assez spectaculaires. Les personnages sont sympathiques et intéressants. Le tout est globalement agréable et distrayant. C'est le meilleur des trois de la série.(1) Du space op’ non militaire bien fait.


  1. À suivre avec the Devil's eye (2008).

Commentaires

Ajouter un commentaire

Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.