Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

Jack McDevitt : Polaris

roman de Science-Fiction inédit en français, 2004

Ellen Herzfeld, billet du 1er mai 2006

par ailleurs :

Comme prévu, après avoir lu a Talent for war de Jack McDevitt, j'ai entrepris la suite, c'est-à-dire Polaris. Il s'agit de la deuxième aventure d'Alex Benedict et de son assistante Chase Kolpath, placée quelques années plus tard. Comme dans le précédent livre, l'histoire se déroule dans le présent du narrateur (ou plutôt de la narratrice, car c'est Chase qui raconte) mais on s'intéresse surtout à quelque chose de très particulier qui s'est produit des années plus tôt.

L'histoire commence avec plusieurs vaisseaux qui sont sur les lieux pour observer un événement cosmique rare et spectaculaire, la collision entre une naine blanche et une étoile, Delta Karpis. Il y a des scientifiques certes, mais aussi le vaisseau Polaris au bord duquel se trouvent six célébrités plus le capitaine, une femme pilote de première classe. Le voyage leur est offert en hommage à leurs réalisations dans divers domaines. Tout se passe comme prévu, avec la destruction de l'étoile et de tout son système, et les observateurs s'apprêtent à rentrer. Le Polaris est le dernier ; il annonce — par transmission supraluminique — son départ et… plus rien. Il n'arrive pas à destination et ne donne plus signe de vie. Une mission de sauvetage est envoyée et trouve le vaisseau à l'endroit prévu, mais sans aucun passager ni aucune explication sur leur disparition. L'enquête ne mène à rien et finalement les autorités abandonnent les recherches.

Soixante ans plus tard, Alex Benedict, vendeur d'antiquités pour une clientèle sélecte, apprend que des “artefacts” en provenance du vaisseau Polaris (objets personnels, vêtements, etc., trouvés à bord du vaisseau fantôme) vont enfin être mis en vente. Il réussit à en obtenir quelques-uns avant la mise aux enchères et heureusement car tout le reste est détruit presque immédiatement dans une explosion qui a l'air, à première vue, d'être un attentat contre un dictateur local venu pour la vente.

Peu de temps après, plusieurs personnes se manifestent auprès des collectionneurs ayant acquis les pièces, apparemment dans le but de les voir mais surtout de les manipuler. Les choses se corsent rapidement quand Chase et Alex sont victimes de plusieurs tentatives de sabotage qui mettent leur vie en danger et qui sont l'occasion de quelques scènes assez cinématographiques — pour les filmer, il faudrait un budget sérieux, ce qui montre un des avantages certains de l'écrit… Cela pousse Alex et Chase à chercher qui s'intéresse suffisamment aux quelques objets restants pour menacer leur vie et pourquoi. Bien sûr, ça tourne rapidement en enquête pour déterminer ce qui a bien pu se passer à bord du Polaris soixante ans plus tôt.

Il s'agit donc d'une sorte d'histoire de chambre close : les passagers ont disparu et on ne sait pas du tout ni comment ni pourquoi, ni où ils sont allés. Il faut dire que j'avais compris le pourquoi bien avant la fin, mais pas le comment ni le où. Pour le reste, c'est bien mené, l'écriture est simple et directe, sans fioritures. Les personnages ne sont pas particulièrement complexes mais les principaux protagonistes sont sympathiques. L'histoire se passe dans un avenir lointain, environ neuf mille ans dans le futur, et certains aspects de la société et de la technologie reflètent bien cette durée, en particulier les possibilités de voyages interstellaires quasi instantanés (il faut quand même plusieurs jours de voyage dans l'espace normal pour arriver et repartir de la zone de “saut”) et la présence un peu partout d'intelligences artificielles pratiquement indiscernables d'un humain. De plus, ça ne se passe pas du tout sur Terre mais sur Rimway, dans un système lointain mais habité par l'Homme depuis tellement longtemps que l'arrivée des premiers colons est de l'histoire très ancienne pour les habitants actuels. Pourtant, beaucoup de choses n'ont pratiquement pas changé : les bureaucraties, les relations (commerciales, hiérarchiques, amoureuses) entre les gens, les restaurants, la police et j'en passe. L'ambiance est globalement très familière ; on a l'impression qu'un homme du xxie siècle ne serait pas très dépaysé. Cela pourrait sembler une critique de ma part, mais en fait il n'en est rien. On est ainsi à l'aise dans l'histoire et on peut se concentrer sur le déroulement des opérations sans être sans cesse en train de perdre pied. D'autres romans que j'ai lus ces derniers temps font le contraire : les trois volumes de the Golden age de John C. Wright et Accelerando de Charles Stross (que je n'ai pas terminé… mais je vais m'y remettre). Je dirais que c'est une lecture “reposante”. Agréable, suffisamment intéressante pour donner envie d'y retourner, assez “facile” pour être lue le soir après une dure journée de travail, et pas tellement prenante qu'on y passe la nuit. Ce qui, pour moi, est un atout quand je travaille le lendemain.

Ce qui fait que je vais lire le suivant, Seeker.

P.S. : je viens de voir dans Locus que Polaris est nominé pour le Nebula. Là, je suis un peu surprise. Mais bon, je n'ai pas lu suffisamment de livres pour juger des autres.

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