Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

Nancy Kress : Maximum light

roman de Science-Fiction, 1998

traduction française en 2001 : les Hommes dénaturés

Ellen Herzfeld, billet du 16 septembre 2005

par ailleurs :

Je viens d'acheter un deuxième exemplaire d'un roman de Nancy Kress, Beggars in Spain,(1) pour le faire lire à mon fils et, à cette occasion, je retombe sur un commentaire que j'ai écrit en 1999 à propos d'un autre de ses romans, Maximum light.

Voici donc ce que j'écrivais à l'époque, à l'attention d'un directeur de collection qui avait demandé mon avis :

C'est un thriller très bien fait. Les personnages sont crédibles et intéressants avec une profondeur psychologique réelle. Les relations entre les personnages sont très convaincantes, comme toujours chez Kress. L'histoire est bien ficelée sans trou évident de logique. Je l'ai lu avec plaisir, sans ennui à aucun moment, mais sans jamais avoir le sentiment de lire quelque chose de "génial", seulement de l'efficace.

Quelques idées m'ont paru un peu difficiles à avaler, en particulier le fait que certaines femmes auraient un tel désir et besoin d'enfant qu'elles seraient prêtes à accepter d'adopter un substitut comme un chimpanzé à visage de bébé ou un enfant humain débile profond. Dominique me dit que c'est tout à fait vraisemblable puisque, déjà maintenant, les Américains adoptent des poupées qu'ils traitent comme de vrais enfants.

L'histoire est aussi celle de la stupidité et de la fourberie du gouvernement américain, et Kress admet volontiers que ce n'est pas nécessairement pareil partout, par exemple en France. Ce qui permet à un des protagonistes d'être sauvé par un traitement français issu de recherches interdites aux US.

Il y a aussi un "message" franchement écologique, car l'origine de la stérilité et de la dégénérescence croissante de l'espèce humaine et aussi d'autres espèces animales serait l'accumulation depuis des décennies de toxiques chimiques dans l'environnement. Kress ne tombe heureusement pas dans les travers du new age car la solution qu'elle propose est simplement de favoriser la recherche génétique pour trouver un remède.

Ce n'est pas de la SF réservée aux lecteurs de SF, car il n'y a pratiquement aucune référence interne au genre. Plutôt une SF pour lectorat plus général mais quand même un peu technophile.

Nancy Kress est un de mes auteurs préférés. J'ai lu une bonne partie de ses nouvelles et de ses romans — pas encore les plus récents mais c'est prévu. Il y a en a bien plus que ce qui a été traduit. C'est une SF qui combine tous les ingrédients qui me plaisent : une spéculation intelligente sur des notions technologiques ou scientifiques bien analysées, des personnages crédibles et bien développés, une intrigue qui tient la route et une écriture limpide qui rend le tout toujours très agréable. Et ça ne gâche rien que, pour ce que je peux en déduire, sa vision du monde se rapproche de la mienne de sorte que ses "messages", même s'ils sont parfois assez explicites et de nature à en agacer certains, ne me dérangent pas du tout, au contraire.


  1. La nouvelle qui correspond à la première partie du roman a été traduite sous le titre de "l'Une rêve et l'autre pas".

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