Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

Charles Stross : Iron sunrise (Eschaton – 2)

roman de Science-Fiction, 2004

traduction française en 2006 : Aube d'acier

Ellen Herzfeld, billet du 26 janvier 2008

par ailleurs :

Ce roman n'est pas vraiment une suite à Singularity sky, bien qu'il se déroule dans le même univers un peu plus tard et avec quelques-uns des mêmes personnages.

Dans le premier, on a appris l'existence de l'Eschaton, une intelligence artificielle qui est née des systèmes informatiques de la Terre mais qui, en véritable singularité, a atteint une puissance dépassant l'entendement humain. Il pourrait se faire passer pour un dieu mais refuse de tomber si bas. Tout ce qu'il exige c'est que personne ne viole les lois de la causalité — avec le risque d'éliminer la naissance même de l'Eschaton —, ce qui implique en premier de ne pas voyager dans le temps, action qui devient envisageable avec l'arrivée du déplacement supraluminique, ce qui est le cas ici. À part ça, l'Eschaton a dispersé l'humanité sur des centaines de planètes à travers la galaxie et a fourni diverses merveilles technologiques, surtout des machines “cornes d'abondance” qui, grâce à la nanotechnologie, peuvent fabriquer quasiment n'importe quoi, et des traitements qui empêchent le vieillissement.

Martin Springfield et Rachel Mansour, qui se sont rencontrés dans Singularity sky, sont maintenant mariés et vivraient volontiers tranquillement sur la Terre pour se remettre de leurs aventures précédentes. Ils seront de nouveau ici sur le pont, mais quelque peu en arrière-plan.

Le personnage principal est une adolescente un peu rebelle, Victoria Strowger, qui se fait appeler Wednesday Shadowmist (Mercredi Brumedombre pour les anglophobes). Comme beaucoup de jeunes un peu solitaires, elle a un ami invisible depuis qu'elle est petite… sauf que le sien n'est pas imaginaire. Et il se nomme Herman. Ceux qui ont lu le précédent livre reconnaîtront immédiatement l'avatar de l'Eschaton qui accompagnait déjà Martin. Mercredi habite sur une station spatiale appartenant à une civilisation dont la planète principale, Moscou, a été détruite quand son soleil a explosé quelques années plus tôt. L'onde de choc de cette catastrophe va atteindre la station qui est en cours d'évacuation au début de l'histoire. La jeune fille découvre des papiers compromettants qui pourraient expliquer la destruction de Moscou dont le soleil n'est manifestement pas mort de causes naturelles. Elle se retrouve de ce fait la cible de gros méchants qui la poursuivent à travers la station quasi déserte mais, grâce aux enseignements de Herman pendant son enfance, elle arrive à leur échapper. Ses parents et son frère, par contre, y laissent leur peau, ce qui enflamme le cœur de l'adolescente d'un violent désir de vengeance. Avec l'aide de Herman, elle se trouve embarquée, en classe grand luxe, sur un vaisseau qui fait la tournée des divers mondes de cet univers.

Martin et Rachel, de leur côté, se voient confier une nouvelle mission pour sauver, comme d'habitude, des millions (des milliards ?) d'êtres innocents. En effet, les gens de Moscou, comme ça semble être la coutume, ont prévu un système de représailles au cas où il leur arriverait malheur. Des vaisseaux “lents” — du moins plus lents que la lumière —, porteurs d'armes de destruction massive sont en route pour la planète Nouvelle Dresde, rivale commerciale suspectée d'être à l'origine de l'explosion de leur soleil. Pour les arrêter, il faut que deux (ou trois) diplomates en exil lancent ensemble une commande spéciale. Ces mêmes diplomates peuvent aussi donner une autre commande qui rend la mission fatale définitivement irrévocable. Leur objectif est donc de trouver ces braves gens et de les convaincre de faire le bon choix. Le problème, c'est qu'ils sont en train de disparaître un par un, assassinés par on ne sait qui, une personne qui semble cependant voyager sur le même vaisseau que Mercredi.

Il y a aussi les ReMastered, très explicitement des Nazis à la sauce futuriste. Très très méchants, et même parmi ceux-là il y en a des plus méchants encore. Mais, heureusement pour nos héros, l'un d'entre eux a envie d'en sortir et se rebelle.

L'intrigue est plus facile à suivre que dans Singularity sky, mais aussi nettement moins originale. L'ambiance est, par moments, grandiose, galactique, à la Stephen Baxter, le ton rappelle parfois Bruce Sterling, et l'humour, un peu noir, un peu cynique est tout de Stross. L'histoire est par endroits palpitante, surtout vers la fin (les cinquante dernières pages) et m'a rappelé la “bonne vieille SF”, peut-être même carrément la grande époque des Fleuve noir — ce qu'on peut prendre comme compliment ou comme critique, selon son point de vue… Pourtant, curieusement, je me suis très largement ennuyée en lisant ce livre. J'ai même plusieurs fois hésité à l'abandonner. Je pense que le problème, c'est que Stross s'amuse, certes, et produit un feu d'artifice de trouvailles parfois ingénieuses — moins que dans le précédent, il faut le dire — mais qu'il ne fait que ça. Il y a peu de réflexion, peu du type de spéculation qui me branche et finalement, ça ne m'a guère intéressée. Maintenant, est-ce que j'étais mal lunée ? Possible. En fait, j'ai l'impression d'avoir une indigestion de space op’ et d'une SF que je trouve, disons-le, un peu primaire — n'oublions pas que j'ai lu trois Scalzi à la suite, juste avant ! Et ce qui aurait pu sans doute être un divertissement sympathique m'a surtout donné envie de, vite vite, lire autre chose de moins agité et de plus introspectif.

Commentaires

  1. Arnaldussamedi 26 janvier 2008, 17:09

    Je me retrouve assez dans cette critique. Aube d'acier est un livre que j'ai pas réussi à finir, malgré un début prometteur (mais si les cinquante dernières pages sont comme vous le dites, alors peut-être vais-je faire un effort), en partie parce que j'ai ressenti que l'auteur faisait un peu n'importe quoi, et qu'il s'occupait plus de son imagination que du lecteur. Le style décalé, parfois comique, parfois grotesque, m'a gêné. Cela aurait été différent si j'avais trouvé la même qualité d'écriture que dans Neil Stephenson (Snow crash) — sans parler de la présence de personnages attachants.

    Dommage. Entre Stross et MacLeod, je suis d'ailleurs assez sceptique sur le concept de NSO.

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