Préfaces et postfaces de Gérard Klein

Dan Simmons : Flashback

(Flashback, 2011)

roman de Science-Fiction

postface de Gérard Klein, 2012

par ailleurs :

Flashback de Dan Simmons est un thriller qui se situe dans les années 2030. L'auteur en a profité pour dresser un tableau catastrophique de cet avenir proche, pour les États-Unis et le reste du monde, en s'appuyant sur des idées propres à la droite, voire à l'extrême-droite américaine. Des réactions hostiles se sont manifestées sur des blogs et en forums dès sa sortie en anglais. Mais s'agit-il d'idées que partage vraiment Dan Simmons, ou bien a-t-il poussé la provocation très loin pour nous faire réfléchir ? C'est le sentiment du directeur de collection, Gérard Klein, par ailleurs prospectiviste, qui avait prévu une postface à l'édition française. Finalement, la direction des éditions Robert Laffont a décidé que cette postface ne s'imposait pas puisque le livre était un roman, une fiction. Vous la lirez ci-après en exclusivité sur le site de Quarante-Deux.

« La pensée ne doit se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n'est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d'être. »

Henri Poincaré

Certains lecteurs de ce passionnant thriller auront peut-être été choqués par la vision de l'avenir qui s'y représente. Et surtout par ses prémisses qui semblent directement inspirées de thèses familières à la droite conservatrice américaine. J'en ai été moi-même, dans un premier temps, disons surpris. Déjà, lors de sa parution en anglais, il a suscité sur quelques sites internet des commentaires acerbes de libéraux, au sens américain, outragés par un texte aussi politiquement incorrect.

Bien entendu, il ne serait en aucun cas souhaitable qu'auteurs et lecteurs partagent en tout point les mêmes opinions. On peut lire quelqu'un dont on ne partage pas, pour dire le moins, les idées. Le conformisme a ses bornes bien que sa limite les franchisse aisément.

L'auteur de romans, plus aisément que l'essayiste, peut certes revendiquer la liberté du créateur et affirmer que son histoire n'a rien à voir avec ses convictions personnelles et profondes. Ses personnages, dotés d'autonomie comme on sait, peuvent parfaitement tenir des propos qui ne lui appartiennent pas et dans lesquels il ne se reconnaîtrait pas. Ou du moins il peut le prétendre.

L'éditeur de son côté ne peut évidemment pas se laisser enfermer dans ses choix par ses propres préjugés. J'avoue cependant avoir renoncé à publier l'Échiquier du mal après le succès d'Hypérion et de ses suites, malgré l'admiration que j'avais et ai toujours pour l'écrivain Dan Simmons, parce que je ne supporte pas l'exploitation ludique, sous quelque forme que ce soit, des exterminations organisées par les Nazis et en particulier la Shoah.

Mais une autre question se pose : ces thèses politiquement incorrectes et leurs prolongements dans l'avenir sont-elles vraisemblables dans le cadre du roman ? On peut supposer que le soin apporté par l'auteur à ses extrapolations sociétales dans un avenir relativement proche témoigne de l'authenticité de ses convictions. Ce qui soulève une question intéressante que je n'aborderai pas ici, du moins directement : jusqu'à quel point un auteur est-il responsable de ses anticipations ?

Pour sa part, Dan Simmons dénie sur son blog que ce roman reflète de quelque façon que ce soit ses propres idées politiques. Mais peut-on le croire ?

L'horizon retenu, d'une vingtaine d'années dans l'avenir, soit aux alentours de 2035, est familier aux prospectivistes. À plus court terme, on demeure dans la prévision, extrapolation du passé. À nettement plus long terme, sauf dans quelques domaines relativement définis, on ne peut plus rien dire de bien solide.

Tout d'abord, sur ce laps de temps relativement court, peut-il réellement se produire des bouleversements brutaux de la dimension planétaire décrite dans Flashback ? L'Histoire, ancienne et récente, aurait tendance en gros à nous suggérer que non, mais l'auteur peut légitimement plaider qu'il a condensé ces événements afin de les rendre plus proches de nous et donc plus saisissants.

Pour autant les événements en question sont-ils vraisemblables ?

Pour commencer, la faillite, l'effondrement et la dislocation des États-Unis à ce degré sont-ils possibles ? Financièrement, la situation de l'État Fédéral n'est pas brillante. En 2012, la dette publique, celle de l'État Fédéral exclusivement sans tenir compte de celles des autres collectivités publiques, États et collectivités territoriales, dépasse les 100 % du PNB avec environ 15 000 milliards de dollars, la plupart des prévisions donnent 115 % vers 2015 et certaines extrapolations indiquent qu'elle pourrait atteindre les 200 % vers 2035 précisément. Et lorsqu'un économiste explique à Leonard (p. 131) que cette croissance quasiment exponentielle est due pour l'essentiel aux dépenses sociales, il est loin d'avoir tort d'après la quasi totalité des experts, incluant le Congressional Budget Office (CBO). Cela dit, il ne mentionne pas les dépenses militaires, près de 700 milliards de dollars en 2010 ; le coût des guerres en Irak et en Afghanistan est évalué à ce jour à trois mille milliards de dollars.

L'économiste n'évoque pas non plus les nécessaires réformes du système fiscal américain et plus encore peut-être, concernant les dépenses sociales, la complète et indispensable réorganisation du système de santé qui coûte par tête au moins deux fois plus que dans les grands pays européens avec une efficacité bien moindre en termes de santé publique. L'ensemble des dépenses de santé, financées par l'État Fédéral, les États, les municipalités, les entreprises et les particuliers, représentait en 2009 environ 2500 milliards de dollars, et il n'a cessé de croître. Contrairement à des idées reçues en France, les États-Unis consacrent aujourd'hui à la santé une part de leur PIB beaucoup plus importante que la France (16,2 % contre 11,7 %) et si l'on considère les dépenses par habitant, celles des États-Unis s'élèvent à environ deux fois celles de la France, avec une efficacité moindre. Assurer, dans ces conditions inefficaces et mal distribuées, la couverture santé des trente à quarante millions d'Américains qui n'en disposent pas aujourd'hui, conduirait effectivement à la ruine. Sauf à attaquer de front des groupes sociaux puissants et leurs lobbies, le corps médical, les laboratoires pharmaceutiques, les compagnies d'assurance, sans même mentionner la sous-imposition des revenus annuels supérieurs à, disons, 500 000 dollars. On comprend que l'administration démocrate ne s'y attaque qu'avec prudence. Sans même parler des autres formes d'assistance sociale. Dan Simmons fait tout simplement l'impasse sur le sujet, n'extrapolant qu'à conditions constantes, ce qui est pour le moins discutable.

Pire encore, environ la moitié de la dette publique américaine est détenue par l'étranger, c'est-à-dire pour la moitié environ de cette moitié par le Japon et la Chine, sur lesquels je reviendrai. Si ces pays avaient besoin de financements massifs pour assurer leur propre développement, ou tout simplement le maintien de leur niveau de vie, et de liquider leurs avoirs américains, l'État Fédéral se trouverait presque instantanément en faillite. Les avoirs et dettes américains détenus par la Chine représenteraient environ trois mille milliards de dollars soit à peu près le coût des guerres précitées sans qu'il y ait la moindre corrélation.

La situation s'aggrave encore si l'on prend en compte les déficits de certains grands États comme la Californie, virtuellement en faillite malgré les efforts du gouverneur Schwarzenegger, empêché (entre autres choses) de réformer la fiscalité.

Cela dit, les effets d'une telle faillite des États-Unis seraient tels sur le monde entier, au-delà même de leurs frontières, qu'on peut douter qu'elle advienne, hors scénario catastrophe du type de celui qui nous est proposé par Dan Simmons, sans de sérieux efforts, internes et externes, pour redresser la barre. Ce qu'avait entrepris, avec succès, le président Bill Clinton.

D'autre part, le risque d'une telle faillite aurait-il pour effet de faire éclater l'Union, en moins d'un quart de siècle au point que décrit Simmons ? J'en doute fort. Les faillites plus ou moins complètes d'États sont légion dans l'histoire du monde et je n'en connais aucune, hors le cas de guerre perdue, qui ait conduit à l'éclatement d'un État ou d'un Empire. Enfin les États-Unis resteront, sinon la première puissance mondiale, au moins la seconde éventuellement derrière la Chine, et cela même reste à voir.

Évidemment, le flashback, principal thème de Science-Fiction introduit dans le roman, joue un rôle central dans cette décomposition de la société américaine. L'idée mériterait d'être analysée : c'est vers le passé que se tournent ses consommateurs (environ 85 % de la population) et non pas (ou plus) vers l'avenir.

La suprématie du Japon à l'horizon concerné semble encore plus douteuse que l'effondrement américain. Et donc son rôle de tuteur de l'Amérique dans sa passe catastrophique. Même en faisant abstraction des cataclysmes qui ont frappé le Japon postérieurement à la rédaction du roman, il semble engagé sur une mauvaise pente qui ne lui permettrait pas de jouer un rôle aussi décisif en 2035. La dette publique actuelle du Japon est de l'ordre de 200 % de son PNB, donc la valeur considérée comme intolérable pour les États-Unis. Son avantage est qu'elle est presque entièrement détenue malgré une rémunération nulle (ou à cause d'elle) par ses ressortissants. Le Japon est en crise économique larvée depuis une vingtaine d'années. Sa population vieillissante décroît : vers 2035, elle devrait compter plus de 35 % de plus de soixante-cinq ans (environ 25 % en 2012) et être passée de 120 millions d'habitants aujourd'hui à environ 100 millions. Ce n'est pas vraiment l'idéal pour une nation supposée redevenue impérialiste même si l'idée du retour d'une démocratie assez singulière à un état semi-féodal, sur fondement de conglomérats industriels, n'est pas, avec un peu d'imagination, invraisemblable. C'est du reste en train de devenir un trope de la Science-Fiction récente, une version modernisée du péril jaune.

Mais évidemment, il est amusant d'inverser en miroir les situations respectives des É.U. et du Japon entre 1945 et 2035. Les proconsuls ont changé de rivage.

L'effondrement de la Chine et son éclatement au point qu'elle soit “pacifiée”, c'est-à-dire conquise et colonisée par des forces japonaises assistées de mercenaires américains, semblent encore plus difficiles à soutenir, compte tenu de ce qu'on a dit de l'avenir du Japon et des écarts démographiques : on voit mal des forces américaines, décrites comme sous-équipées, contrôler un pays d'un milliard et demi d'habitants, alors qu'au faîte de leur puissance, elles n'y sont pas parvenues en Irak et en Afghanistan.

Le Mexique qui envahit ici le sud des États-Unis serait-il dans vingt ou trente ans en état de le faire alors qu'il y a toutes les chances qu'il soit tout autant, sinon plus, ravagé par la corruption et la violence qu'il ne l'est aujourd'hui ? Les gangs sont beaucoup plus soucieux de se battre entre eux que d'abolir une frontière qui est la source de leurs revenus à travers le trafic de drogue et l'immigration illégale.

Le Califat Global qui irait du Pakistan au Canada en recouvrant toute l'Europe est d'une invraisemblance absolue pour qui connaît un peu la situation des pays musulmans, leur division entre des centaines de factions religieuses et politiques irréconciliables. Dans la plupart des pays musulmans et entre eux, les innombrables rivalités religieuses et ethniques font plutôt redouter des guerres civiles et entre États que leur soudaine coalition sous le régime de la charia. À l'intérieur même des pays non-musulmans, la diversité des positions des musulmans ou présumés tels, parmi lesquels les plus radicaux sont évidemment les plus bruyants, n'est pas moindre. C'est un aspect que Samuel Huntington avait bien mis en évidence dans son ouvrage contesté (bien souvent par ceux qui ne l'ont même pas ouvert), le Choc des civilisations (1996). Au demeurant, la thèse du choc a été soutenue bien avant Huntington par les extrémistes musulmans appelant au djihad.

La destruction totale d'Israël par onze bombes thermonucléaires installées (comment ?) par ses voisins et vitrifiant son territoire semble tout aussi fictionnelle. Même si après le Pakistan, l'Iran parvient à se doter d'une bombe à fission, ce qui n'est ni exclu ni certain, le passage à la bombe à fusion semble tout à fait impossible dans le délai envisagé. Mettre au point une arme thermonucléaire est une chose ardue et exige des moyens techniques et scientifiques qui semblent totalement hors de portée des ennemis d'Israël. Beaucoup d'experts doutent que l'Inde en soit dotée malgré ses prétentions. L'absence de dissuasion et de riposte est justifiée dans le roman par le désarmement quasi unilatéral des États-Unis dans le cadre de leurs accords avec l'Union Soviétique puis avec la Russie.

Plus surprenante encore est la dénégation du réchauffement planétaire et autres effets du CO2 mis au compte de modèles informatiques fallacieux, comme fait du reste notre ancien ministre socialiste de l'Éducation nationale, Claude Allègre, qu'on peut difficilement situer à la droite de l'échiquier politique français.

Un point qui a laissé perplexe l'éditeur, ancien économiste, ainsi que le traducteur, est celui de la coexistence vers 2035 de deux dollars : l'ancien qui aurait conservé sa valeur et le nouveau qui n'en aurait presque plus aucune. Cela pourrait à la rigueur se comprendre si la FED avait émis massivement à une certaine époque des dollars or, mais non seulement à notre connaissance elle ne l'a jamais fait en ce siècle mais de plus la détention même d'or monétaire a longtemps été interdite aux citoyens américains. L'inflation galopante sous-entendue, qui allégerait évidemment le fardeau de la dette au point de l'effacer semble également peu vraisemblable compte tenu de ses effets internes et externes notamment sur les créanciers chinois et japonais, et de la séparation des pouvoirs entre le Congrès, la Présidence et la FED.

Si l'on excepte les très réelles difficultés financières de l'État Fédéral présentes et peut-être à venir, tout le reste ou presque semble donc excessif. Cette accumulation d'invraisemblances que même un tenant de l'ultra-droite américaine aurait du mal à soutenir en bloc (encore que chez certains conspirationnistes on n'en soit guère loin) renvoie à tout autre chose qu'à une maladroite propagande. Trop, c'est trop.

Face à de telles outrances prospectives délibérément montées en épingle, nous pouvons proposer deux hypothèses : ou bien Dan Simmons est grotesquement ignorant des réalités contemporaines et il projette sans aucune subtilité des préjugés dans l'avenir relativement proche ; ou bien il est tout à fait conscient de ces invraisemblances et s'en sert pour tenter de nous dire quelque chose de tout à fait différent, et peut-être même de nous faire réfléchir à partir de ces outrances mêmes. Après tout, dans l'action même de son thriller, il ne ménage pas les exagérations et invraisemblances comme, sur la fin, la lutte en l'air entre Nick et Sato tous deux accrochés dans le vide à la porte ouverte d'un hélicoptère. Une façon de dire : ne me prenez pas entièrement au sérieux ; tout ce qu'on lit dans les romans et voit dans les films n'est pas vrai. C'était la leçon de Last action hero, avec Arnold Schwarzenegger en 1993.

On se prend à penser que, comme font certains réalisateurs américains, Dan Simmons a visé délibérément deux publics, d'une part un public ultra-conservateur qui le prendra au pied de la lettre avec enthousiasme, et d'autre part un public plus exigeant et plus sophistiqué qui s'interrogera sur ce qu'il veut vraiment dire.

Un détail curieux donne à penser que Dan Simmons a voulu rendre méfiant le lecteur attentif. Il fait prononcer par ses protagonistes japonais quelques phrases dans leur langue transcrites en caractères occidentaux. Or deux Japonaises, traductrices expérimentées, vivant en France et maîtrisant parfaitement les deux langues et la transcription du japonais, consultées, ont été incapables de leur trouver un sens, et même de reconnaître un seul mot de façon certaine. Cela ressemble à du japonais pour un anglophone ou un francophone qui ne connaît rien de cette langue, mais ça n'en est pas. J'ai peine à croire que Dan Simmons n'aurait pas pu trouver dans son entourage quelqu'un pouvant lui écrire quelques lignes de japonais correct. Je présume donc qu'il a choisi délibérément un charabia. Il n'a pas pu être joint pour donner une réponse à cette question.

Même si l'on admet sans difficulté que Dan Simmons partage bien des idées avec la droite américaine (ce qui est le cas de nombre d'auteurs américains de Science-Fiction), la première hypothèse, celle de l'ignorance, semble tout à fait insensée. Dan Simmons cherche-t-il vraiment à nous faire prendre au sérieux des billevesées aussi fumeuses que la vitesse supraluminique ou le voyage dans le temps, voire l'intelligence artificielle, courantes dans la Science-Fiction, mais ici beaucoup plus proches de nous et donc plus aisément soumises à la critique ?

En fait, Dan Simmons met en scène des fantasmes politiques qui ne sont pas nécessairement ou pas seulement les siens, mais ceux de groupes entiers qui ont perdu tout contact avec la réalité. Ainsi celui des Wahabites et Salafistes (ou du moins de certains d'entre eux) dans le cas du Califat Global. S'il condamne — et qui de sensé ne le ferait ? — les actes terroristes des islamistes extrémistes qui, rappelons-le, font surtout des victimes dans les pays musulmans, il semble en droit de se méfier d'une religion en pleine dégénérescence d'où surgissent des monstres que les porte-parole des dizaines de millions de musulmans modérés et pacifiques ne condamnent guère. Il faudrait citer ici en entier le remarquable article d'Abdennour Bidar, philosophe et musulman, "un Monstre issu de la maladie de l'Islam", publié dans le Monde daté du samedi 24 mars 2012.

Pourquoi n'en irait-il pas de même pour d'autres aspects de son roman ? Ainsi peut-être bien aussi de certains des fantasmes de l'extrême-droite américaine ? Par ses outrances prospectives mêmes qui relèvent très délibérément de la provocation, il attire notre attention non pas sur ce qui pourrait advenir ou sur ce qu'il penserait qu'il pourrait advenir, mais sur ce que certains espèrent voir advenir dans un fantasme où une fiction entreprend de remplacer la réalité. Il s'en explique longuement dans un message de mai-juin 2006 (dont je recommande fortement la lecture) sur son blog à propos de l'attentat du 11 septembre, sans doute longtemps avant d'avoir commencé à écrire Flashback.

On a connu un Dan Simmons subtil et on le sait, par expérience, grand pédagogue et ironiste. Pourquoi ne marierait-il pas ici la provocation et la satire ? Pourquoi faudrait-il prendre au pied de la lettre, comme une prophétie, ce qui est d'abord et ensuite une fiction ?

Il nous invite à réfléchir sur des fantasmes, ceux partagés par certains dans nos sociétés et sur d'autres communs chez des ennemis de nos démocraties, et sur nos faiblesses internes et externes face à ces fantasmes. Et aussi à quelques réalités.

Ni Aldous Huxley, ni George Orwell dont le 1984 fut fort mal accueilli en son temps par les communistes et dont l'objet n'était pas la vraisemblance mais l'avertissement, ni des centaines d'autres n'ont prétendu décrire leur avenir et notre présent. Ils ont essayé de nous donner à réfléchir, dans leur contexte, à partir de leurs propres expériences et points de vue. Dan Simmons aussi. On peut ne pas partager ses opinions sur la nature desquelles on est du reste réduit aux plus fragiles conjectures, mais au lieu de s'indigner un peu vite des composantes de ce qui est avant tout un roman, on peut commencer par s'interroger sur nos propres préjugés et fantasmes et les réexaminer.

Je ne partage pas une bonne partie des idées que je crois (sans la moindre certitude) être celles de Dan Simmons mais réfléchir sur son roman et sur mes propres réactions premières, plutôt négatives, m'a beaucoup appris.

Gérard Klein → prévu pour Flashback par Dan Simmons
Robert Laffont › Ailleurs et demain, avril 2012
, mais non publié